Je n'ai plus que mon chagrin pour noyer mes regrets.

Parrain,

J'ai mis du temps à trouver les mots comme j'ai mis trop de temps à te dire je t'aime car il est maintenant trop tard. En quelques semaines, j'ai encore perdue ce côté enfantin, quand on est jeune, on pense que la vie nous appartient & que les êtres que nous chérissons sont immortels. La preuve en est, tu n'es plus là. Une seule question me vient ... Pourquoi ? Puis je laisse ma peine couler sur mes joues, je ne veux pas savoir.
Tu as toujours fais pétiller mes yeux de gamines de joies puis de tant de fiertés. Je n'aurais plus jamais cette occasion de dire " c'est mon parrain ... ", j'ai relu tes cartes d'anniversaires. Tu n'as jamais été doué pour retenir les dates alors quand je recevais une carte, j'étais doublement heureuse, comme je sais qu'il te fallait beaucoup d'efforts pour retenir ces fichus chiffres. Comme cela me fais bizarre de composé mes verbes au passé. J'aimerais retenir le temps, le remonter.
Si j'avais su qu'avant les fêtes je ne te faisais pas un au revoir, mais un adieu. Si ... Pourquoi tant de si en suspension ? A quoi bon. Pourquoi j'ai tant de mal à parler de toi en riant ? Tu n'aurais pas voulu que je sois triste, pourtant nous le somme tous. Comment te dire ? J'ai tant de souvenirs ancrées dans ma mémoire, ce sont les derniers, il n'y en aura plus.
Pourtant je sais que tout ma vie, je garderais en mémoire l'odeur si particulière de ta maison, le jeu d'échec où tu m'as battu tant de fois, la saveur de tes viandes grillées jusqu'au parfum que tu portais mais surtout : ta voix, si chaleureuse avec un timbre qui n'appartient qu'à toi.  " Puce " je te l'entends encore le dire. J'ai peur que ces souvenirs m'échappent, j'ai peur de ne plus me souvenirs dans quelques années. Je ne veux pas t'oublier, je ne peux pas.
Je garderais surtout, ton image de battant, tu l'as toujours été, peut-être pour cela que tu étais un si mauvais perdant, tu ne supportais pas de perdre. Cette rage de vivre, de partir de rien et d'arriver à tout. D'emmener tant de personnes dans ton univers. C'est inoubliable.

Sache qu'une partie de mon cœur t'appartiendra toujours et je continuerais à te faire vivre, en parlant de toi, à ressasser ces souvenirs.

Tu me manques tellement déjà ..